L’Imam Al Hassan (P) est le premier petit-fils du Prophète de par sa mère Fatimâh mais aussi le fils aîné du Prophète de par son père ‘Ali (P) qui selon Mohammed (P) « est de lui et lui est de ‘Ali ». Rappelons à ce propos que lors de l’ordalie (Mubahilah) qui opposa le Prophète aux chrétiens de Najran, Muhammad (P) appela Al Hassan (P) et Al Hussein (P) là où Dieu lui demandait d’appeler ses fils, l’Imam ‘Ali (P) pour « nous-mêmes » et Fâtima (P) pour « nos femmes ».
Il est né à Médine le 15 du mois de Ramadhan de l’an 3 après l’Hégire alors que le Prophète avait 56 ans.
Ce dernier fut immédiatement averti et se rendit aussitôt auprès de Fâtima (P). Il prit l’enfant et l’embrassa puis demanda au père, l’Imam ‘Ali (P), le nom de son enfant. ‘Ali (P) lui répondit de la même manière qu’il venait de répondre quelques instants plus tôt à sa femme lorsqu’elle lui posa la même question : « je ne peux pas devancer le Prophète (P) de Dieu que tu es. ». Et le Prophète (P) de lui répondre : « Moi non plus, je ne peux pas devancer Dieu. » C’est alors que l’Ange Jîbril (P) apparut au Prophète (P) pour lui annoncer le nom que Dieu avait donné à l’illustre enfant : Al Hassan (P). Un nom que personne n’avait porté jusque là dans toute l’Arabie.
Dans l’oreille droite du nouveau-né le Saint Prophète récita l’Appel à la prière (Al Azan) puis dans l’oreille gauche l’annonce de la prière (Al iqâma).
Au septième jour de la naissance de Al Hassan (P), le Prophète égorgea un mouton. A la femme qui assista Fâtima (P) dans son accouchement il remit une partie du mouton et un dinar pour lui exprimer sa joie et sa reconnaissance. Il fit également raser la tête du divin enfant et donna en aumône la valeur d’un poids d’argent (métal) équivalent à celui des cheveux coupés.
A la place du sang avec lequel les arabes de l’époque enduisaient le corps d’un nouveau-né, le Prophète (P) utilisa les huiles mélangées de Khaloûq et de safran. Puis il circoncit l’enfant.
Al Hassan et son petit- frère Al Hussein (P) – qui naquit un an après lui – grandirent sous l’aile protectrice et l’amour infini du Prophète (P). Un hadith de Abu Huraïra rapporté par l’Imam Ahmad Ibn Hanbal nous raconte cette anecdote :
« Un jour que le Prophète (P) se promenait avec ses deux enfants, un arabe, qui l’observait depuis un bon moment lui fit la remarque suivante :
– ô Prophète (p) de l’Islam, tu ne cesses d’embrasser ces enfants. Je sens que tu les aimes au plus haut point. Et le Prophète de lui répondre :
– Je jure que je les aime et celui qui les aime m’aimera et celui qui les déteste me détestera. »
De même qu’il répondit à un autre qui lui reprochait cette fois ce noble élan :
« Je consacrerais toujours le temps qu’il faut pour donner à ces enfants tout l’amour que je nourris pour eux. Quant à toi ce n’est pas de ma faute si Dieu t’a enlevé du cœur toute affection. »
Même dans la prière – moment de vérité absolue chez le musulman a fortiori chez le Prophète (P) – il lui arrivait que l’un de ces enfants soit sur sa nuque alors qu’il avait le front par terre. Il attendait simplement que l’enfant se dégage pour se soulever.
Les deux frères tirèrent de leur proximité avec le Prophète (p) une éducation sans faille sous-tendue par une instruction tout aussi vaste que dense embrassant tous les domaines de la Connaissance. Cela se passa ainsi jusqu’à la disparition du Prophète (P) à l’âge de 8 ans pour Al Hassan (P) et 7 ans pour Al Hussein (P). C’est alors que l’Imam ‘Ali (P) prit la relève auprès de ses illustres enfants.
Al Hassan (P) ressemblait beaucoup au Prophète (P) tant au plan physique que moral. Il était très actif auprès du Prophète (P) et plus tard auprès de son père l’Imam ‘Ali (P). Ceci contrairement à ce que l’on a pensé de lui et que certains ouvrages et autres traditions ont pu le soutenir lui prêtant des attitudes de personnage débonnaire, sans forte personnalité.
Il suffit pour s’en convaincre de se rappeler le rôle de preux défenseur qu’il joua en compagnie de son frère Al Hossein (P) devant la porte du Palais de Usmân quant ce dernier se trouva menacé par une foule de musulmans révoltés ayant à leur tête Mohammed fils de Abu Bakr. Un second exemple parmi d’autres est sa grande capacité mobilisatrice et de combattant lors des deux campagnes[30] que mena son père contre les armées de Moâwiyah et de Aïcha en vue des batailles respectives de Jamal et de Cifayin.
L’Imam Al Hassan (P), digne fils de l’Imam ‘Ali (P), était un guerrier redoutable mais également un fin stratège. Il savait que le grand dessein de Moâwiyah, après la mort de l’Imam ‘Ali, était l’extermination de tous les descendants du Prophète (P). Il s’arma de cette certitude mais aussi de la Parole de son Père le Prophète (P) de l’Islam qui avait prédit que Al Hassan (P) et Al Hussein (P) étaient tous deux Imams qu’ils soient « assis » ou « debouts ». En effet, pour sauver la descendance du Prophète (P) et tous les musulmans véridiques qui leur étaient restés fidèles de l’infâme dessein de Moâwiyah, il fut amené à se faire violence en acceptant, à travers la négociation avec Moâwiyah, d’être l’Imam des deux qui était « assis ». Ses forces militaires réduites et l’héritage affaibli dont il disposait ne lui permettaient pas de s’opposer à Moâwiyah qui avait acheté avec l’argent de Beytul-mâl (ou encore Trésor Public) de nombreux notables et chefs de guerres de la région. Cette situation ajoutée à la révolte des Khârijîtes contre tous les dirigeants (‘Ali et Moâwiyah), à la dislocation de l’armée de l’Imam ‘Ali (P) à la suite des batailles de Cifayin, Jamal et Nahrawân, à la forte affliction causée par la mort de son père ‘Ali (P), tout cela mis ensemble justifiait amplement le choix hautement stratégique et combien sage de l’Imam Al Hassan (P) qui décida donc de négocier, répétons-le, malgré lui.
Le traité qu’il signa avec Moâwiyah stipulait clairement qu’aucun Calife ne pouvait avoir autorité sur lui Al Hassan (P), ensuite que les partisans de l’Imam ‘Ali (P) ne pouvaient faire l’objet d’une chasse aux sorcières et encore moins persécutés, que les injures et calomnies proférées jusque-là sur la descendance du Prophète (P) dans les mosquées et autres lieux publics étaient immédiatement proscrites.
Certains musulmans protestèrent tandis que l’Imam Al Hussein (P), lui, accepta comme toujours les décisions de son frère qui, selon sa conception se devait « d’être assis » en ce moment et qu’au moment opportun il devra, lui Al Hussein (P) « rester debout ».
Moâwiyah ne respecta pas ses engagements. Il fit même pire en envoyant une femme du nom de Ja’âda, fille de la sœur de Abu Bakr, pour empoisonner l’Imam Al Hassan (P). Il lui promit de la marier à son fils Yazid, de lui offrir son poids en or, etc. Évidemment une fois la tâche accomplie, comme à son habitude, il ne tint aucune de ces promesses.
C’est ainsi que l’Imam Al Hassan (P) devint martyr à Médine le 28 du mois Safar de l’an 50 après l’Hégire. Il fut enterré à Baqia (Médine) loin de son grand-père le Prophète (P) de l’Islam. Et comme tous les Imams de la Sainte Lignée il prit le soin avant de mourir de désigner l’Imam Al Hussein (P) comme son successeur désigné par Dieu et tel que le lui ont indiqué ses prédécesseurs, le Prophète Muhammad (P) et l’Imam ‘Ali (P).
Nous n’avons retracé là qu’une infime partie de la vie de l’Imam Al Hassan (P) qui pourrait faire l’objet de plusieurs livres. Son importance dans l’histoire de la succession méritait cependant qu’on fasse ce petit détour.